L'affaire avait fait grand bruit l'année dernière : dans une enquête sur Google Street View, la CNIL avait détecté que les Google Cars charger de prendre les rues en photo ne se contentaient pas de ce travail, puisqu'elles sniffaient aussi les réseaux Wi-Fi qu'elle croisait sur son chemin...
Officiellement, Google ne récupérait ces informations dans le but de compléter sa base de données de géolocalisation, pour qu'elle puisse fournir une position la plus précise possible via une triangulation Wi-Fi pour les appareils non dotés de puce GPS. La CNIL a alors exigé que Google lui communique l'intégralité des données capturées, afin de pouvoir les contrôler de manières plus poussée.
Surprise, la CNIL a constaté que Google capturait des trames réseau complètes. Sur un réseau non chiffré, ces trames pouvaient contenir de nombreuses informations personnelles : identifiants et mots de passe de sites web et de messagerie, adresse e-mail, contenus de certains e-mail, parfois avec des contenus "sensibles" (santé, orientation sexuelle...). Depuis, Google a cessé de collecter ces données avec les Google Cars et s'est défendu en expliquant que les données de ces captures n'ont pas été utilisées et qu'elles résultaient d'un bug de leur logiciel, normalement destiné à récupérer uniquement les noms des réseaux Wi-Fi et les adresses MAC des points d'accès.
Malgré cette défense, la CNIL a finalement décidé de condamner Google à 100 000 euros d'amende. Une décision que la CNIL justifie par quatre raisons :
- le manque de collaboration de Google, qui refuse de fournir le logiciel incriminé, empêchant donc à la CNIL de constater si les captures résultaient vraiment d'un bug,
- le fait que Google continue à collecter certaines données (identifiants des points d'accès Wi-Fi) à l'insu de leurs propriétaires, via les utilisateurs du service Google Latitude sur les terminaux mobiles,
- le fait que Google Latitude contrevient à la loi française, en n'ayant pas été déclaré à la CNIL,
- le fait que Google a tiré un avantage économique d'une partie des données collectées, qui lui ont permis de devenir l'acteur dominant du marché de la géolocalisation.
Malheureusement, vu le chiffre d'affaire de Google, il n'est pas sûr qu'une amende de 100 000€ joue un effet très dissuasif à l'avenir...