Après de longues négociations, Vivendi a finalement annoncé durant le WE avoir décidé de retenir la dernière offre d’Altice, maison mère de Numéricable, pour la revente de SFR. Les multiples ré-évalutions de l’offre de Bouygues n’auront donc pas permis à ce dernier d’avoir le dernier mot, et il en ressort grand perdant.
Selon les termes de l’accord, Altice versera à Vivendi 13.5 milliards d’euros en cash (auxquels s’ajouteront 750 millions supplémentaires en cas de bons résultats de SFR après son rachat) pour obtenir 60% de l’opérateur, tandis que 20% seront conservés par Vivendi pendant au moins un an et 20% seront mis en bourse. Altice n’avancera toutefois qu’un peu moins de deux milliards d’euros, le reste étant financé par un emprunt contracté par… SFR. Vivendi gardera par ailleurs un peu de pouvoir dans le nouveau SFR, en siégeant à son conseil d’administration et en disposant d’un droit de véto.
Alors que Bouygues considère que son offre était la plus intéressante, cette décision renforce l’hypothèse de certains, qui pensaient que Vivendi n’avait absolument aucune intention de vendre à Bouygues (notamment à cause de l’opposition des deux groupes dans le secteur des médias, secteur sur lequel Vivendi veut justement se recentrer) et se serait simplement servi de son concurrent pour faire monter les prix.
Cette revente met en tout cas Bouygues Télécom dans une situation particulièrement désagréable… Sur le mobile, Bouygues s’était en effet engagé dans un plan de mutualisation avec SFR, dont on ne sait pas encore s’il sera maintenu par le nouveau SFR, et il y a également fort à parier que le MVNO Numéricable cesse d’utiliser le réseau de Bouygues au profit de celui de SFR (à moins qu’il disparaisse même complètement avec une migration des clients vers SFR)… Et sur le fixe, c’est à peine mieux : le réseau fixe de Bouygues est très peu développé, et l’opérateur utilise en fait principalement les réseaux de SFR (pour l’ADSL) et Numéricable (pour la fibre FTTLA). Le regroupement des deux pourrait donc faire grimper les coûts pour Bouygues. Et surtout, Bouygues risque fort de rester encore longtemps le petit poucet du fixe, avec son réseau minimaliste.
Il ne serait donc pas surprenant que la revente de SFR à Altice finisse par « couler » Bouygues Télécom, le forçant à se rapprocher d’Iliad, comme les rumeurs l’avaient déjà laissé entendre plus d’une fois par le passé… Après s’être installés sur la pelouse du château, les romanichels pourraient bien finir par aller prendre leurs aises dans les salons…