Près de vingt ans après nos voisins d’outre Manche et dix ans après le passage au numérique pour la TV, la radio commence aujourd’hui sa transition vers le numérique. Une transition qui s’annonce très longue…
Dans un premier temps, seules trois villes vont être concernées, Paris, Marseille et Nice, et seules une petite poignée de stations vont y être diffusées en numérique (BFM, Chérie FM, Europe 1, Fun Radio, Nostalgie, NRJ, RFM, Rires & Chansons, RMC, RTL, RTL2 et Virgin Radio).
La norme choisie pour la transmission est le DAB+, qui promet une qualité de son du niveau de la FM avec une bande passante de seulement 80 kbit/s, grâce à un encodage HE-AAC, mais certaines stations utiliseront la norme T-DMB , plus ancienne et de moins bonne qualité, s’appuyant sur un encodage MP2 à 192 kbit/s.
Alors, cette arrivée signe-t-elle l’arrêt de mort de la bonne vieille radio AM/FM ? Rien n’est moins sûr… D’abord, parce que le passage au numérique ne soulève pas un grand enthousiasme, ni du côté des radios, ni du côté du grand public. La faute probablement à des gains de qualités bien moins flagrants que lors du passage de la TV analogique à la TNT, mais aussi probablement en raison des usages, bon nombres d’amateurs de radio se tournant désormais vers les diffusions par Internet, bien plus souples et pratiques…
Par ailleurs, l’un des gros avantages de la radio, surtout en AM, est sa couverture très large, qui permet d’en profiter même dans les zones les plus reculées, éventuellement en sacrifiant sur la qualité lorsque la réception est mauvaise. Un avantage que va perdre la diffusion numérique, avec une portée réduite et une tendance à fonctionner en mode tout ou rien, une mauvaise réception entrainant une coupure totale du son.
Alors qu’il n’a fallu que six ans pour passer des premières diffusions TNT à l’abandon de la TV analogique, il faudra donc sans doute bien plus de temps avant que l’arrêt des radios FM soit envisagé, et sans doute encore plus avant que les radios AM soient réduites au silence…
C’est clair qu’il faudra du temps pour supprimer la FM. Paradoxalement la AM risque de disparaître en premier.
Par contre quel est l’intérêt de faire cohabiter deux types d’encodages ?
Pas convaincu que l’AM disparaisse avant la FM. Elle correspond à des usages pour lesquels il n’y a aucun remplaçant numérique à l’heure actuelle, et le fait d’avoir une dégradation de la qualité en cas de mauvaise réception plutôt qu’une coupure contribue grandement à l’intérêt de l’AM.
Pour les deux types d’encodage, ça n’a aucun intérêt de faire cohabiter. Initialement, c’est le T-DMB qui était prévu pour l’ensemble des stations RNT en France, mais finalement c’est le DAB qui a été sélectionné, car plus efficace, mais aussi et surtout parce que la France était seule sur le T-DMB alors que le DAB est utilisé chez nos voisins. Je suppose que les stations qui vont rester sur le T-DMB sont celles qui avaient déjà investi dans des équipements avant que le DAB soit adopté, et qu’elles passeront peut-être en DAB plus tard.