L’ARCEP a décidé de valider la procédure de rachat de SFR par Numericable, qui avait été engagée il y a quelques mois. La fusion des deux opérateurs ne se fera toutefois pas sans quelques contraintes, qui pourraient permettre d’accélérer le développement des offres Très Haut Débit.
En effet, l’autorité de la concurrence a jugé que ce rachat donnait un trop gros avantage à la nouvelle entité sur le secteur de l’Internet fixe, puisqu’il revient à fusionner le second opérateur fixe en nombre d’abonnés (SFR) avec le premier opérateur fixe en termes de nombre de foyers éligibles au THD (8 millions de foyers à plus de 30 Mbit/s). La nouvel entité pourrait ainsi basculer progressivement les abonnés SFR ADSL vers le câble.
Afin que cette avantage ne soit pas trop fort, Numericable a dû s’engager à louer son réseau câblé. Ainsi, à l’instar de ce qui a été fait sur le réseau téléphonique, les opérateurs tiers pourront utiliser le réseau de Numericable pour fournir des accès THD à leur abonnés, avec un tarif de location encadré par l’ARCEP. Numericable devra également fournir aux opérateurs tiers des équipements terminaux en marque blanche (sans marquage Numericable), mais aussi leur laisser la possibilité d’utiliser leur propre équipement terminal.
Afin que cette ouverture du réseau Numericable ne pénalise pas à son tour le déploiement de la fibre (les opérateurs tiers pourraient être tentés de ne pas déployer la fibre là où Numericable est disponible…), cet engagement de location n’est toutefois que temporaire, pour une durée de 5 ans renouvelable, et ne vise donc qu’à permettre aux autres opérateurs de proposer immédiatement des offres THD concurrentes à celles de Numericable, tout en continuant à déployer leur réseau.
Le groupe devra également renoncer à son exclusivité de déploiement fibre sur certaines zones géographiques. SFR et Orange s’étaient partagé certaines zones, chacun s’engageant à déployer la fibre dans ses zones et à la partager à son concurrent. Dans les zones affectées jusqu’à présent à SFR, Numericable devra accepter qu’Orange prenne le relais, pour éviter que le cablo-opérateur profite de son exclusivité pour limiter ces zones au câble, sans y déployer un réseau fibre.
Combinés à la récente ouverture du VDSL2 aux lignes en distributions indirecte (effective depuis le 26 octobre), ces engagements vont peut-être donner un second souffle à la montée en débit, et réduire les inégalités de débits, qui sont plus élevées que jamais, avec d’un côté des « privilégiés » qui disposent de connexion fibre à 1 Gbit/s tandis que de l’autre côté bon nombre d’abonnés doivent encore se contenter de ligne 250 à 1000 fois plus lentes.