Alors que les acteurs français de l’industrie culturelle sont toujours présents pour accuser le piratage de tous les mots, mais ne sont jamais là quand il s’agit de repenser leur modèle économique pour l’adapter aux modes de consommation d’aujourd’hui, une étude réalisée en Norvège montre à quel point une offre légale adaptée peut venir enrayer le piratage.
Là-bas, en l’espace de seulement cinq ans, le piratage de musique (en nombre de chansons téléchargées) a été divisé par 5.5, passant de 1160 millions à seulement 210 millions. Dans une moindre mesure, les filmes et les séries TV ont connu le même sort : les premiers sont passés de 125 millions à 65 millions, les secondes de 135 millions à 55 millions.
Et cette chute ne peut pas être mise au crédit d’un renforcement de la lutte contre le piratage. Il n’y a pas là-bas d’équivalent de l’HADOPI, et la Norvège a même plutôt une image de paradis du pirate. En début d’année, l’emblématique The Pirate Bay avait d’ailleurs envisagé un déménagement en Norvège.
La vraie raison de cette chute est en fait le développement d’une offre légale abondante et de qualité, avec des services comme Spotify et Rdio pour la musique, mais aussi et surtout l’excellent Netflix pour la vidéo qui, pour l’équivalent d’une dizaine d’euros par mois, offre un accès illimité à un large catalogue. Et surtout, un catalogue récent !
Car c’est sans doute bien là le principal problème de l’offre légale en France : la loi impose un délai beaucoup trop long entre la sortie d’un film en salle et sa diffusion sur les services de VOD par abonnement (SVOD). Il faut en effet attendre au minimum trois ans après la sortie en salle… C’est d’ailleurs la raison invoquée par Netflix pour expliquer son absence du marché français.
Notons quand même que certaines mesures proposées par le rapport Lescure vont dans le bon sens pour améliorer cette offre légale, puisque l’ancien président de Canal+ préconisait notamment de réduire fortement les délais de mise à disposition en VOD et SVOD. Mais il faudra sans doute encore longtemps avant qu’un équivalent français de Netflix puisse proposer des films trois mois après leur sortie en salle, comme le fait Netflix aux USA…