Depuis des années, des communautés très actives développent et distribuent des firmware alternatifs open-source pour de nombreux routeurs, le plus souvent avec la collaboration active des fabricants : DD-WRT, OpenWRT, Tomato… Ces alternatives sont aujourd’hui menacées par la législation américaine, mais Linksys a trouvé un compromis pour sauver l’essentiel.
Parmi les fonctionnalités apportées par ces firmware alternatifs, il y en a quelques unes qui ne sont pas du goût de la FCC, le régulateur américain des télécoms, qui s’occupe notamment de gérer l’allocation du spectre radio : les firmwares alternatifs permettent souvent de modifier certains paramètres physiques de la partie radio, y compris avec des valeurs non conformes à la réglementation. Par exemple, il n’est pas rare de pouvoir régler la puissance d’émission à plusieurs dizaines ou centaines de mW, alors que bon nombres de pays ont fixé la limite à 10mW.
Pour freiner ces « abus », la FCC a décidé d’imposer qu’à partir du 2 juin prochain les équipements Wi-Fi commercialisés aux USA ne devront plus pouvoir être utilisé avec un firmware qui ne soit pas réalisé par un éditeur homologué par la FCC, ce qui exclurait d’office tous les firmware open-source. Comme il y a peu de chances que les fabricants de routeurs produisent des modèles spécifiques au marché américain, cette réglementation risque en outre de s’appliquer au monde entier.
Alors que le chinois TP-Link a décidé d’appliquer strictement cette nouvelle règle, en bloquant l’installation de firmware alternatifs, Linksys n’a de son côté pas baissé les bras. Il faut dire que le constructeur doit une partie de sa popularité aux firmwares open-source, qu’il sponsorise largement et qu’il utilise comme argument marketing pour sa gamme WRT, descendante de l’illustre WRT54G qui a été le point de départ de nombreux firmware open-source. Et il se pourrait bien que l’américain ait trouvé une solution acceptable, consistant à séparer le firmware en deux partie.
La première sera fournie par le constructeur et non modifiable, et prendra en charge la gestion de la partie radio, pour s’assurer du respect des normes en vigueur. La seconde gèrera toutes les couches « hautes » du routeur (réseau IP, sécurité, interface de configuration, fonctionnalités avancées…) et restera ouverte aux modifications de la communauté.
C’est donc une excellente nouvelle pour les fans de ces firmware open-source, qui devraient encore avoir du matériel à se mettre sous la dent dans les prochaines années sans avoir à rester sur d’anciens modèles.