Début mai, l’institut Fraunhofer, créateur de l’algorithme de compression MP3 et dépositaire des brevets qui vont avec, a annoncé qu’il mettait fin à la commercialisation de licences sur ces brevets, enjoignant ses clients à se tourner vers des algorithmes plus récents, comme l’AAC. Il n’en fallait pas plus pour que la presse tech multiplie les articles annonçant que le MP3 est mort. Mais non, il n’est pas mort, il est seulement libéré !
En effet, si Fraunhofer a cessé de commercialiser des licences sur l’algorithme MP3, ce n’est pas par choix commercial d’abandonner le format MP3, mais tout simplement parce qu’il ne peut légalement plus vendre ces licences : les brevets de Fraunhofer sur le MP3 ont atteint leur date limite de protection, et sont donc versés dans le domaine public.
Il ne faut donc pas pleurer la mort du MP3, mais au contraire, célébrer sa libération. L’algorithme MP3 peut en effet désormais être considéré comme libre, et tous ceux qui l’utilisent dans leurs produits peuvent le faire gratuitement et légalement.
C’est donc une bonne nouvelle pour le monde du logiciel libre, et en particulier les libristes les plus convaincus, qui veulent à tout prix éviter les solutions propriétaires : ils peuvent désormais profiter de ce format, qui reste l’un de plus utilisés pour la diffusion de musique, sans faire la moindre entorse à leurs principes.
La plupart des distributions Linux qui laissaient à l’utilisateur le soin d’installer lui même un codec MP3, plutôt que d’en livrer un avec le système de base, devraient désormais intégrer un codec, à l’instar de Fedora, qui a d’ores et déjà annoncé que la bibliothèque mpg123 sera livrée avec les prochaines versions du système, avec un support complet du MP3 en décodage et en encodage (le décodage est en fait possible depuis novembre dernier, avec l’arrivée dans le domaine public de tous les brevets concernant le décodage, seuls des brevets concernant l’encodage étaient encore protégés).
Si le MP3 a terminé sa carrière commerciale pour son créateur, il est donc loin d’être mort, il arrive en fait tout juste à l’âge adulte, avec sans doute encore de beaux jours devant lui.