Avec plus de 20 milliards de dollars de chiffre d’affaire générés par ses services de publicité AdWords et AdSense, Google est sans aucun doute aujourd’hui la plus grosse régie publicitaire du monde, et il dépend en outre très fortement de cette activité, qui représente plus de 85% de son chiffre d’affaire, même si cette part est en baisse. Et pourtant, il envisagerait de proposer prochainement son propre bloqueur de publicités.
Bien entendu, la motivation de Google n’est pas de lutter contre la publicité, mais plutôt de s’attaquer au comportement quasi mafieux dont font preuve aujourd’hui les éditeurs de certains bloqueurs de publicités, et en particulier Eyeo, connu pour son fameux AdBlock Plus.
Ces éditeurs ont en effet pris l’habitude d’intégrer à leur produit un système de liste blanche, officiellement réservées aux publicités « de qualité », mais qui se révèlent en pratique surtout ouvert au plus offrants, prêts à délier leur bourse pour que les publicités qu’ils gèrent ne soient plus bloquées. Et si jusqu’à présent Google faisait partie de ces régies prêtes à payer pour ce traitement de faveur, la firme de Moutain View aimerait tout de même pourvoir s’affranchir de ces paiements.
Google compterait donc profiter de la position de force dont il dispose sur le marché des navigateurs (63% des pages vue sur ordinateur, 46% sur mobile) pour se faire très rapidement une place de leader sur le marché des bloqueurs de publicités, et se retrouver ainsi en position de force face aux autres solutions de blocage quand il s’agira de négocier le tarif de sa place en liste blanche.
Intégrer un bloqueur de publicité dans Chrome pourrait par contre apporter de l’eau au moulin de ceux qui reprochent à Google de pratiquer activement l’abus de position dominante, puisqu’il s’agirait, encore une fois, de profiter de sa position dominante sur un secteur (les navigateurs) pour prendre rapidement pied sur un nouveau marché, en faisant fi des acteurs déjà en place.