Les DRM c’est naze. Je pense que je ne vous apprends rien. Les solutions de protection des contenus numériques sont souvent coûteuses pour les éditeurs, contraignantes pour les acheteurs, et n’ont jamais réussi à faire la preuve de leur efficacité contre le piratage, bien au contraire, la présence de DRM trop contraignant étant parfois une cause de rejet par les acheteurs potentiels… Ce qui n’empêche pas des dizaines d’équipes de continuer à chercher de nouveaux moyens de protection. Et à ce petit jeu, les p’tits gars de Fraunhofer viennent de sortir une perle : SiDiM.
Sous ces cinq lettres ce cache un algorithme de protection à destination des livres numériques. Plutôt que de bloquer la reproduction, il vise à marquer les exemplaires distribués légalement pour permettre de remonter à la source de leur diffusion sur les réseaux parallèles.
Il s’agit donc de transcrire le principe du « watermark » à des textes. Sur des sons ou des images, le watermark consiste à effectuer des petites modifications du signal, imperceptibles pour l’œil ou l’oreille, qui vont permettre d’encoder dans le fichier un identifiant unique. Pour appliquer ce principe aux livres, les chercheurs proposent donc d’effectuer des petites modifications du texte : inversion de termes dans des énumérations, remplacement de termes par des synonymes… Chaque exemplaire vendu subirait des modifications différentes, et serait ainsi traçable.
Vous l’aurez compris, la palme du stupide revient à ce système pour une raison toute simple : alors que les watermark audio et vidéo sont effectivement imperceptible pour tout humain non bionique, un mot remplacé dans un texte, ça peut se voir comme le nez au milieu de la figure… Imaginez par exemple une œuvre étudiée en classe, alors que chaque élève en aurait une édition légèrement différente…
Pire, ces petites modifications pourraient même parfois altérer l’œuvre, en y introduisant des contre-sens, en cassant des jeux de mots, en annihilant des effets de style… Bref, on en arrive à un DRM qui dégrade l’œuvre qu’il est censé protéger. Bon en même temps, Fraunhofer, c’est aussi le labo à l’origine du MP3, donc la dégradation des œuvres, c’est leur domaine 🙂
Hâte de lire du Rimbaud ainsi protégé ! « Le bateau bourré », et autres « le fainéant du val »…
Hourra !