Après une courte accalmie durant le WE, la guerre du mobile reprend de plus belle ce lundi, avec des déclarations de différents opérateurs, pour annoncer de nouvelles offres ou pour critiquer le nouvel entrant, mais aussi des prises de position de la part de certaines associations...
Commençons par le MVNO SIM+, qui a annoncé de nouveaux forfaits. Peu original, il s'est calé sur les deux forfaits proposés par Zéro Forfait, y compris dans les clauses limitatives de l'illimité (100 numéros par mois, 2h par appel, fair use de 500 Mo...) et dans le réseau support (SFR)... La différence se fera peut-être sur les tarifs de dépassement de forfait, que je n'ai pas étudié en détail. Les deux offres sont donc :
- 14€90 pour la voix en illimité,
- 18€90 pour la voix, les SMS et la data illimités.
La réaction de La Poste Mobile est pour sa part plus surprenante... Contacté par PCInpact, l'opérateur a indique qu'"aucun changement n'est prévu" puisque ses "offres sont accessibles et couvrent une majorité de besoins"... Rappelons que les offres de La Poste Mobile (réseau SFR) démarrent à 10€ pour 45mn et 60 SMS en forfait bloqué ou 30 min en forfait classique, qu'il faut s'acquitter d'au moins 17€ par mois pour bénéficier des SMS illimités (avec 1h de voix en forfait bloqué) et 21€ mois pour avoir un peu d'Internet (200 Mo avec 1h de voix et SMS illimités en forfait bloqué ou fair use de 250 Mo et 2h de voix en forfait classique). Ouch...
Côté associations, l'AFFUT (Association Française des Utilisateurs de Télécommunications) salue l'offre "sociale" à 2€ que Bouygues trouvait scandaleuse. L'AFFUT estime que cette offre permet de réduire à néant les arguments des opérateurs pour justifier le prix des offres RSA (10€ pour 40 min et 40 SMS). L'AFFUT invite donc les utilisateurs à évaluer une migration vers Free, toute en faisant bien attention aux termes des contrats proposés par Free...
Contrat qui justement provoque la colère de l'UFC-Que Choisir. Si dans un premier temps, l'association avait qualifié l'offre de quasi parfaite, sous réserve de vérification des conditions générales, l'examen de ces conditions à quelque peu refroidi l'UFC. Après avoir dénoncé des coûts cachés et des clauses abusives en fin de semaine dernière, l'association demande à Free Mobile de retirer la clause 4.3 des Conditions Générales d'Abonnement n'est pas retirée. Cette clause est celle comportant les limites de l'illimité (usage en "bon père de famille", etc...). L'UFC est prêt à discuter du problème avec l'opérateur, mais n'exclue pas la possibilité d'une attaque en justice si elle n'obtient pas gain de cause. L'UFC reproche aussi à Free Mobile de pratiquer des tarifs depuis l'étranger parfois bien plus élevés que chez ses concurrents et de ne pas indemniser convenablement ses abonnés en cas d'indisponibilité du service.
Outre la riposte commerciale, les opérateurs commencent aussi à se lancer dans des ripostes plus "politiques", pour tenter de décrédibiliser Free. Patrick Gentemann, le président de Zéro Forfait a ainsi écrit une lettre ouverte à Xavier Niel, le félicitant d'avoir réussi à occuper l'actualité, mais lui reprochant de surfer sur une révolution qui n'est pas la sienne. Patrick Gentemann estime en effet que c'est son MVNO qui a le premier révolutionné le marché de la téléphonie en proposant des offres à bas prix sans engagement, et il accuse même à demi mots Xavier Niel de lui avoir volé pour sa conférence l'utilisation du terme "pigeon", déjà utilisé par le slogan "Interdit au Pigeons" de Zéro Forfait (slogan désormais devenu "Bienvenue dans la téléphonie Libre"... donnant-donnant ?).
Une attaque de bonne guerre, contrairement à celles d'autres opérateurs, bien plus "violentes"... Ainsi, Delphine Ernotte-Cunci reprend une menace déjà formulée par Martin Bouygues il y a quelques années : "des prix très bas sur tout, ça fera peut-être des consommateurs heureux mais aussi des consommateurs au chômage" (l'arrivée de Free Mobile a pourtant mis fin à plusieurs années consécutives de baisse du nombre d'emplois dans le secteur en France). Elle évoque du côté des opérateurs historiques une "baisse de rémunération indirecte, gel des salaires, suppressions d’emplois, augmentation des charges de travail et de la pression au quotidien…". Curieusement, la baisse de la rémunération des actionnaires (3.7 milliards d'euros versés en 2011 par France Telecom, soit 76% du bénéfice net de 2010 et 8% du CA...) n'a pas été évoquée dans les conséquences... Un cadre d'un autre opérateur, non nommé, qualifie le lancement de Free Mobile de "scénario du pire" est estime qu'il va falloir "dégrader une ou plusieurs des variables : dividendes, investissement et emplois".
Enfin, côté Free, après les soucis de saturation des serveurs lors des inscriptions la semaine dernière, d'autres problèmes, bien plus graves ont commencé à se produire aujourd'hui : certains portages de numéros ont pris effet alors que les titulaires des lignes n'avaient pas encore reçu leur nouvelle carte SIM... Espérons que ces problèmes seront résolus rapidement...