Si AMD est à la traîne du côté des PC, tant sur le marché des CPU que sur celui des GPU, on ne peut pas en dire autant sur le marché des consoles, où AMD serait en passe de devenir le fournisseur de CPU et de GPU pour les trois principaux constructeurs, Microsoft, Sony et Nintendo.
Pour les deux premiers, c’est déjà fait, puisque les Xbox One et PlayStation 4 embarquent toutes deux des SoC AMD basés sur un CPU Jaguar à 8 cœurs et un GPU Radeon GCN.
Côté Nintendo, AMD fournit déjà aujourd’hui le GPU de la Wii U, grâce à un partenariat de longue date entre ATI (avant son rachat par AMD) et Nintendo, le premier fournissant des puces graphiques au seconde depuis la Gamecube, mais Big N est pour l’instant resté fidèle à IBM et son PowerPC pour la partie CPU. Mais cette longue relation (également depuis l’époque de la Gamecube) arriverait à son terme, et la future Nintendo NX embarquerait elle aussi un CPU AMD.
C’est un beau tour de force qu’aura donc réussi AMD, en passant en seulement deux génération d’un fournisseur mineur de GPU (la Xbox utilisait un GPU nVidia, la PlayStation 2 un GPU maison) à un fournisseur ultra-dominant de GPU et de CPU. Une bascule grandement aidée par la volonté des constructeurs de console de réduire leurs coûts. Passer à un SoC plutôt que de garder un CPU et un GPU séparés est un moyen d’économie efficace, et AMD est aujourd’hui le seul constructeur en mesure de fournir des SoC intégrant un GPU et un CPU suffisamment puissants pour une console.
nVidia reste en effet pour l’instant à la traine sur la partie CPU, pour laquelle il ne peut utiliser que l’architecture ARM, plus optimisée pour la faible consommation que pour la performance, tandis qu’à l’inverse Intel sait faire des CPU puissants, mais ne peut pas encore lutter face à AMD ou nVidia sur la partie GPU. Même si les GPU Intel ont fortement progressé ces dernières années (bien plus que les CPU), ils restent en effet plus proche des GPU d’entrée de gamme d’AMD et nVidia que de leurs GPU haut de gamme.
Le passage à des SoC AMD pourrait également avoir un autre gros avantage pour Nintendo : il lui permettrait de revenir rapidement dans la course face à ses deux concurrents sur les performances, tandis que la similarité des architectures devrait pousser les éditeurs à porter une plus grande part de leur catalogue vers la console de Nintendo. Avec un catalogue élargi, mais toujours fort des licences exclusives de Nintendo, la NX pourrait bien renouer avec le succès, après l’échec de la Wii U.
Reste à voir comment Nintendo gérera la rétrocompatibilité. Big N a en effet l’habitude d’assurer une large rétrocompatibilité entre ses nouvelles consoles et les jeux dédiés à la génération précédente. Ainsi, les jeux Gamecube pouvaient être utilisés sur Wii et le jeux Wii sur Wii U, ce qui n’était techniquement pas bien compliqué du fait de l’architecture matérielle identique. En passant à du x86, Nintendo se retrouvera donc face à un choix : abandonner la rétrocompatibilité, et s’attirer les critiques de son public historique, ou assurer une émulation, qui risque de ne pas se faire sans quelques heurts, au moins dans un premier temps…
On devrait en savoir un peu plus d’ici quelques mois, Nintendo ayant promis de donner quelques détails sur sa future console début 2016, la commercialisation étant quand à elle prévue pour fin 2016.